samedi 7 décembre 2013

La queue de bœuf



Mon père était boulanger, mon oncle était boucher. Dans l’ancienne France on pratiquait le don et le contre-don. Mon oncle n’arrivait jamais en visite sans des morceaux de viande. Il ne repartait jamais sans des monceaux de gâteaux (il était très gros et gourmand). 
Anne-Marie, la bonne, était une jeune fille naïve, laide qui n’avait jamais eu affaire à des garçons.
Mon oncle déballait sur la table les côtelettes d’agneau, les escalopes de veau, les entrecôtes, les rumstecks, les filets et les faux filets; puis il élevait la voix, triomphant, rigolard, égrillard, vicelard : « Et pour Anne-Marie, j’ai apportée une queue.»

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