dimanche 9 novembre 2014

Frontières


«Autrefois l’homme n’avait qu’un corps et une âme. Aujourd’hui, il lui faut en plus un passeport.»


«Avant 1914, la terre avait appartenu à tous les hommes. Chacun allait où il voulait et y demeurait aussi longtemps qu’il lui plaisait. Il n’y avait point de permissions, point d’autorisations, et je m’amuse toujours de l’étonnement des jeunes quand je leur raconte qu’avant 1914 je voyageais en Inde et en Amérique sans posséder de passeport, sans même en avoir jamais vu un. On montait dans le train, on en descendait sans rien demander, sans qu’on vous demandât rien, on n’avait pas à remplir une seule de ces mille formules et déclarations qui sont aujourd’hui exigées. Il n’y avait pas de permis, pas de visas, pas de mesures tracassières, ces mêmes frontières qui, avec leurs douaniers, leur police, leurs postes de gendarmerie, sont transformées en un système d’obstacles ne représentaient rien que des lignes symboliques qu’on traversait avec autant d’insouciance que le méridien de Greenwich.»
Stefan Zweig, Le Monde d’hier


«Je suis si affady apres la liberté, que qui me deffendroit l’accez de quelque coin des Indes, j’en vivrois aucunement plus mal à mon aise.»
Montaigne, Essais, Livre III, 13, De l’expérience