mercredi 30 avril 2014

Dimanche 30 avril 2000



Fort peu travaillé hier, ça va être pareil aujourd’hui, je le sens.

Finalement bien travaillé, et bonne soirée en perspective. 

Donc la soirée sera mauvaise.


mardi 29 avril 2014

Jeudi 29 avril 2010



Nouvelles du «Monde», je cite: 
la Grèce s’écroule, la Belgique vers le pire, et le conseil de l’Europe envisage l’interdiction de la fessée.

lundi 28 avril 2014

Jeudi 28 avril 2011



Donc la passion amoureuse n’est qu’une maladie mentale à rapprocher de l’autisme. Quant à l’amour, il peut être incompatible avec le sexe.

dimanche 27 avril 2014

Lundi 27 avril 2009



J’emmène maman à l’hôtel-Dieu pour des examens: 
«Pourquoi tu m’as fait ça? tu peux pas nous laisser mourir dans notre coin.»


samedi 26 avril 2014

Dimanche 26 avril 2009



Pas de messe aujourd’hui. Je vais jusqu’à la cathédrale avec le chien sans laisse. Pas de visite, pas de téléphone de personne. Pas de mail. J’ai bien travaillé au site. 
Couci-couça avec maman. 
Elle fait la vaisselle qu’il faut entièrement refaire et qu’elle a mélangé avec la vaisselle propre. D’ailleurs elle mélange aussi le propre et le sale qu’elle n’a pas lavé. Qu’importe c’est tout comme. (Il faut comprendre la phrase précédente : il y a du propre propre, du faux propre (propre sale) et du vrai sale (sale sale), le tout se mêle.)

vendredi 25 avril 2014

Mercredi 25 avril 2007



Déjà placées […] mais que je recopie ici pour le plaisir:

«Heureux qui sait la volupté des vers et des pensers sublimes.»
«Toute ma vie fut le gage de ma rencontre avec toi.»
«Puisse la vie fleurir à l’entrée de ma tombe.»
«Le roman exige qu’on bavarde: dis tout ce qui te vient en tête, absolument!»
«Il faut être sauvage, vil et ignorant pour ne point respecter le passé et ramper devant le seul présent.»
«Nous sommes tous les mêmes; le monde est un désert; notre patrie c’est Tsarskoié Selo.»
«Ce n’est pas pour les émois terrestres
ni l’intérêt, ni les combats
que nous sommes nés, mais pour l’inspiration,
les douces musiques et les prières…»
Pouchkine


Et de Lermontov, à dix-sept ans: 
«Je suis né pour rendre le monde témoin de mon triomphe ou de ma chute.»

jeudi 24 avril 2014

Mardi 24 avril 2007


“Afin de parachever notre séjour (notre voyage) sur cette maudite (sur cette belle) planète, il s’agit d’aimer toutes les femmes, de lire tous les livres, de visiter tous les pays (rencontrer tous les peuples, admirer tous les arts), de prier tous les dieux (toutes les images approximatives et maladroites de Dieu, de…”


mercredi 23 avril 2014

Dimanche 23 avril 1972


On se lève à neuf heures et demi, on part déjeuner à Nohant. Nous sommes treize à table.


mardi 22 avril 2014

Vendredi 22 avril 1972


À minuit, nous allons voir Le Sadique aux dents rouges

lundi 21 avril 2014

Mardi 21 avril 2009


Plus on lit Pouchkine, plus on lit sur lui, plus on se rend compte qu’il est le plus bel écrivain du monde qui fut jamais, et l’on se désespère puisque, à jamais ignorant de la langue russe qui, même si nous nous y mettions à marche forcée à plus de soixante ans, jamais ne deviendrait notre langue maternelle; et l’on se rend compte que jamais nous ne l’appréhenderons, et cela est une sorte de désespoir. Encore une beauté qui nous échappe. 
Markowicz dit bien le trajet Pouchkine-Brodski ; Brodski le dernier.

dimanche 20 avril 2014

Samedi 20 avril 2002



Ces deux petits faits m’effraient car ils m’ont montré en pleine lumière quelque chose que j’avais oublié: on ne peut discuter d’aucune façon avec des êtres humains aveuglés par l’idéologie. Des personnes qui ne sont pas dans la nuance: barrière infranchissable entre ces êtres et moi.
La nuance, oui, parmi mes quelques qualités et mes nombreux défauts, il y a cela — qui m’empêche de vivre — : la nuance. Seul se battent, se défendent, réussissent, ceux qui ne font pas dans la nuance, que ce soit s’inscrire à un parti politique, achever un pesant roman, se lancer dans les affaires…

 

samedi 19 avril 2014

Dimanche 19 avril 2009



Tynianov, La Mort du Vazir-Moukhtar. Exemplaire prêté par V, ce livre, comme La Jeunesse de Pouchkine, est épuisé, son éditeur préfère gagner des sous en publiant des bêtises.

«Il n’était jamais qu’un homme, il avait envie d’avoir une maison à lui. Il avait peur du vide, c’est tout.»



vendredi 18 avril 2014

Citations cachées


«Chez Boulgakov, les citations fondues dans le texte sont beaucoup plus nombreuses que les fragments distingués du contexte par des guillemets ou d’une autre manière ; il en va de même pour les allusions cachées à des noms d’écrivains ou à des titres, à des thèmes, à des personnages de leurs œuvres. Ces éléments camouflés sont plus ou moins faciles à reconnaîtrent selon qu’ils ressortissent à un répertoire d’anthologie familier à tous les Russes ou proviennent d’œuvres moins connues, selon qu’ils interviennent dans un contexte analogique ou surgissent de façon inattendue. Les spécialistes s’attachent volontiers au déchiffrement de cette cryptographie. Leurs trouvailles s’accumulent au cours des ans, sans que le gisement donne encore aucun signe d’épuisement. Au simple lecteur aussi, la cryptographie boulgakovienne lance un défi malicieux ; elle l’oblige à explorer le fond de sa mémoire, instaure entre l’auteur et lui une connivence à la fois érudite et ludique. Affleurant à la surface du texte ou circulant dans ses profondeurs, on découvre d’abord des centaines de fragments des grands classiques chers à l’écrivain…»
Françoise Flamant, introduction au tome 1
 des œuvres de Boulgakov dans la Pléiade 


Mardi 18 avril 2000




La plaque du 72 rue du Faubourg-Poissonnière dit : Ici vécut Henri Heine, etc., qui a écrit: «Si quelqu’un vous demande comment je me porte ici dites comme un poisson dans l’eau, ou plutôt dites aux gens que lorsque dans la mer un poisson demande à un autre comment il se porte ce dernier répond: comme Heine à Paris.»

Comment s’arrêter de fumer: il suffit d’un baiser d’une durée égale à celle qu’aurait mise ladite cigarette pour se consumer.

Un peu plus loin il y a la rue Papillon. Au début de l’été dernier cette rue était en fête: piétonnisée, moquette imitant l’herbe verte sur la chaussée, les cafés ont sortis leurs tables, les commerçants leurs marchandises, et ils avaient installés d’immenses volières avec à l’intérieur toute sorte de papillons exotiques, baroques, multicolores. 

Un peu plus loin au tabac, “le Cadet” il y a deux garçons de café (un surtout) qui ont toujours une anecdote à raconter, le brun trapu ne peut vendre un billet de loto sans faire une remarque gentille style: 
«Ah ma p’tite dame vous allez être millionnaire avec celui-là, j’vous en ai préparé un bon.»

Ensuite pour retrouver ma “dame” je passe devant un coiffeur où je suis allé deux fois. Avant seuls les hommes coupaient les cheveux des hommes. Maintenant l’on peut choisir “sa” coiffeuse.

Enfin, juste avant d’arriver chez elle je rentre à la poste pour envoyer une lettre mince mais 4 F 50 tout de même.

Il y a en moi toujours cette idée de faire se rencontrer les gens que j’aime qui ne se connaissent pas. J’ai eu des échecs, genre: «je ne comprends pas ce que tu trouves à ce type-là»; genre: «ah, si t’invites encore cette nana je ne viens pas».

Là-dessus après m’être retourné une dernière fois sur les jambes de la jolie Noire, je prends l’escalier de “Belle-de-jour” (ainsi la surnommé-je) pour mes activités clandestines. (J'aurai quelque chose à lui raconter pour une fois.)

Dans le même carnet, seuls, sur une page précédente, je trouve quatre mots aujourd’hui bien mystérieux pour moi: “Agenouillée, éperdue, stupéfaite, frissonnante”.


jeudi 17 avril 2014

Lundi 17 avril 2006


Sms reçu:
«jesper ke mon message va pa vou réveilé. g maté la tv ue la nui. jme dor ke mtn donc si vou avez d projet pr votr débu daprem comté pa sur mwa. mai si en fin de journé vou voulé fair un ciné ou boir un ver vou mapelé. a+”


mercredi 16 avril 2014

Jeudi 16 avril 2009



Il y a une semaine environ, maman, dans l’entrée: «Je ne sais pas où je suis.» Puis: «Je sens que je ne vais pas bien dans ma tête.»

Il y a quelques jours, je la laisse aller dans la cuisine chercher le sucre et une petite cuiller pour son yaourt, il a fallu qu’elle fasse quatre aller-retour (notamment lors d’un de ces aller-retour elle rapporte la Ricorée).

Hier c’était Beauval: 
«J’ai été au zoo de Beauval? 
— Oui, mais pas aujourd’hui.» 

Aujourd’hui ce sont les bêtes: 
«Regarde ces bêtes qui courent sur ma main…»
« Regarde il y a une bête, là, sur la table.
— Ce sont des miettes de pain.
— Elle bouge!
— C’est parce que tu souffles dessus.»

Puis:
«Je ne suis pas folle, là, une grosse bête noire.
— Maman, c’est un petit morceau de boudin qu’a laissé Charles.»

Ce soir encore les bêtes lui courent sur la main. Je prends ça à la plaisanterie: «Tu as des hallucinations, tu finiras par voir la Vierge.» Ma mère est têtue et sait ce qu’elle veut: jamais elle ne verra la Vierge en laquelle elle ne croit pas et ne croira jamais. Si elle la voyait elle la nierait.


mardi 15 avril 2014

Dimanche 15 avril 2012



Il pleut. Il ne cesse de pleuvoir. Il pleut. 
Nous ne partons qu’après déjeuner, et l’on arrive pile à  l’heure pour la première visite (deux heures et quart) de Coppet. Je ne savais pas que Germaine était si imposante, grande, et quel poids? Le château appartient aux héritiers, qui sont aussi des Broglie et des Haussonville. Le guide est presque parfait. Diction impeccable, un peu sans doute d’ostentation, peut-être pédé, curieuse veste à boutons d’argent d’une taille peu ordinaire. Il connaît son sujet. Il est très bien parce que si l’on est érudit (non pas que j’y prétende) il ne dit pas de bêtises, et même remet les pendules à l’heure en ce qui concerne certains savoirs oubliés, et si l’on est un touriste ignare, il dresse un tableau simple et clair qui permet de ne pas se perdre, de comprendre, de ne pas se faire d’idées fausses. La restauration des lieux est parfaite, ni trop ni trop peu. Le mobilier, les tableaux conservés, la baignoire de Necker, le lit de Germaine, les ancêtres au mur. Madame Necker, démodée, Albertine, dont l’aspect romantique me séduit, tout est plaisant. On croit apercevoir par la fenêtre quelques flocons. Ils sont enterrés dans un cimetière privé, à l’écart, invisibles, de même le parc ne se viste pas, ni certaine partie du château qui restent les appartements des d’Andlau d’Hossonville.
J’aime aussi l’allée qui s’éloigne dans la brume au-delà de la rue.
Nous cherchons de l’essence que nous trouvons à Nyon, puis nous enfonçons dans la montagne au-dessus de Bassins, je fais demi-tour, nous rentrons au plus vite, cette fois sans presque se tromper dans la traversée de Genève : l’Arve, Garouge, route de Drize.
Il pleut.


lundi 14 avril 2014

Dimanche 14 avril 2002



«Jamais mineur de Cornouailles ne creusa sous la mer plus avant que l’Amour ne s’enfonce sous les flots des regards. L’Amour perce à une profondeur de deux millions de brasses et ne s’arrête qu’ébloui par le fond de perles. L’œil est le verre magique de l’Amour, où glisse dans une lumière surnaturelle tout ce qui n’est point de la terre. Il n’est pas autant de poissons dans la mer que de douces images dans les yeux des amants.» 
Melville, Pierre, page 46

dimanche 13 avril 2014

Jeudi 13 avril 2002



Cloyes. La voiture, la pluie. Chateaudun. La maison de retraite de mémé. Le café, mes achats. La carte à C, à M. Le pentagone. Cloyes. La maison, l’église, la place, souvenirs et impressions. Le bout du bois, le gué, le lavoir. La maison des T, la gare, le cimetière. La tombe que, à chaque visite, je ne retrouve pas. Le rideau de pluie. Le retour. Le repas, et leurs histoires de copropriétaires. Balzac, les balzaciens et comme quoi on est toujours le balzacien de quelqu’un.

samedi 12 avril 2014

Jeudi 12 avril 2007



Départ à midi cinquante. On longe la Seine par le quai du Nymphée, dont on aperçoit le faite au-dessus du vieux mur de soutien. Après le barrage c’est un chemin à l’écart de tout moteur qui nous mène jusqu’au centre de Carrière, belle villa tapie dans la verdure, derrière la côte malheureusement souvent recouverte d’immeubles de résidences banals, au-delà de la rive l’île dite Fleurie qui s’est fortement humanisée depuis les années soixante-dix où logeait la vieille clocharde dont X a fait une nouvelle (était-ce elle?) parmi les gravats et les ronces. Aujourd’hui il y a un stade, une route encombrée, des bas-côtés où les voitures stationnent, des équipements sportifs; et dans le même temps la nature si elle a été domestiquée est beaucoup plus agréable. À Carrière me plaît l’amphithéâtre formé par les maisons du bourg comme bâties sur d’anciennes murailles, à moins qu’elles le soient vraiment, qui encercle le jardin public où jouent les enfants, se promènent les nourrices avec les rejetons en poussettes, le jardin plein le dimanche. Un peu plus loin, là où la route qui longeait la Seine s’en sépare de nouveau, une sorte de café qui doit être bien misérable mais qui à vue de nez donne l’impression d’une guinguette. Il y a foule le dimanche après-midi, d’autant qu’il est en face du terrain de boule municipal, mais en semaine ce sont surtout quelques camionneurs et de nombreux représentants qui s’y arrêtent (on a envie d’imaginer quelques filles qui attendent au premier étage, ou qui sont prêtes à se glisser dans les camions). Ensuite le chemin de halage n’est plus aménagé, ce sont des débris de tuiles, des bouts de pierres concassées qui comblent les ornières. Le paysage de l’île en face devient terne, derrière on voit toutes proches les tours de Nanterre (j’ai fort bien connu ces lieux, au temps où il y avait les usines à gaz qui entouraient le stade de l’USN (Union sportive de Nanterre), c’est à peu près à cet endroit que Faustin eut l’incivilité (comme on dit aujourd’hui, mais à l’époque on n’y pensait guère) de jeter dans la Seine sa vieille gazinière qui ne sombra pas. Lui et son frère la suivirent des yeux avec quelque crainte, qui partait à la dérive vers Rouen, la Manche, l’océan qui sait? À ma gauche s’étendent les champs, les serres, campagne toute proche de Paris, une des plus proches, campagne résiduelle, mal tenue, chemin de mauvaises herbes et de caillasses, sacs plastiques, gravats, mottes de terre, petits champs bordés d’une route étroite mal entretenue, bombée, raccommodée à la va vite par quelques lambeaux de goudrons, où les voitures circulent trop vite (un peu plus loin lorsque j’ai dû abandonner les berges où l’on ne passe plus, j’y croise deux policiers munis de ces jumelles qui mesurent la vitesse. Ils me disent bonjour avec un ton rogue et inexpressifs. Est-ce cela qu’on leur apprend afin qu’ils se fassent respecter? Alors les responsables de cet enseignement se fourvoient complètement. Ce n’est pas parce qu’on dit «bonjour» qu’on est poli, c’est le ton que l’on prend pour s’adresser à l’être humain que l’on a en face qui dénote l’affabilité. Et c’est en étant affable que les flics se rendront moins impopulaires.  Deux ponts neufs se succèdent, celui de l’autoroute numéro 14, puis celui du récent (récent pour moi) rer qui va jusqu’à Cergy. Deux colossales masses de béton où résonnent mes pas et le bruit des roues des véhicules au-dessus quand ils franchissent une de ces bandes qui relient deux des blocs de ciment dont est construit la route, ou le son caractéristique des roues du train quand ils passe le mince espace entre deux rails (je crois que ces intervalles sont indispensables à cause de la dilatation de ces rails qui s’étirent plus ou moins selon la température). Sous un des ponts un âne, attaché à un pieu, plus triste encore qu’un âne ordinaire. Je crois qu’il a été posé là par les gitans qui se sont installés le long de la route un peu plus loin. La route que je suis est à environ cinq cent mètres, de l’autre côté il y a cette rangée de pavillons de banlieue, laids bien alignés qui regardent tous les champs, le fleuve, l’au-delà du fleuve. Ces pavillons, ces champs, ces géographie triste m’ont fasciné depuis toujours. C’est très laid, mais il y a un aspect circonscrit, littéraire. Ces pavillons regardent depuis toujours ces bandes de terre, le fleuve, la grande ville au loin, avec un regard désespéré. Un coureur m’indique que le chemin se dégrade encore, puis un homme qui mange un casse-croûte assis au bord du fleuve, que je prends d’abord pour un clochard, mais il a couché son vélo sur la berge à côté de lui, me dit que plus loin on ne passe plus. 


vendredi 11 avril 2014

Lundi 11 avril 2005



Pierre Louys, Dossier secret
Philip Roth, Patrimoine
Wes Andreson, la Vie aquatique


jeudi 10 avril 2014

Jeudi 10 avril 2008



Visite de Courville. Plus que la Pologne, plus que la banlieue, « nulle part » est la Beauce. Rilke disait la Russie et la poésie deux pays proches (chercher la citation exacte). La Beauce est un pays qui s’appelle nulle part, etc. Une femme me dit : « Qu’est-ce que vous photographiez ? il n’y a rien à photographier ici. »


mercredi 9 avril 2014

Jeudi 9 avril 2009



Et vers trois heures et demie je monte pour aller pisser. Les portes sont ouvertes, il y a une vague lueur dans la cuisine. Elle m’a entendu, et pourtant je n’ai pas fait beaucoup de bruit, elle m’appelle. Maman est à table avec une grosse lampe de poche, entourée des animaux, me demandant de réenclencher le compteur électrique. Mais il y a du courant. Elle dit qu’il est revenu, je la renvoie au lit. Il n’y a eu aucune coupure, elle a dû se réveiller et s’apercevoir, vague souvenir, que sa lampe allumée s’était éteinte, sans se souvenir de mon passage.

mardi 8 avril 2014

Mardi 8 avril 2002



Henri Pelissier fut assassiné par sa seconde femme avec l’arme qu’avait utilisée sa première femme pour se suicider. Sur son lit de souffrance il dit : « Bon Dieu qu’on en finisse », puis il rendit l’âme.


lundi 7 avril 2014

Lundi 7 avril 2008



Page 93 : « Razoumikhine était encore remarquable par cette particularité qu’aucun insuccès ne pouvait le troubler et que nul revers n’arrivait à l’abattre. Il aurait pu loger sur un toit, endurer une faim atroce et des froids terribles. »

Page 197, c’est le même Razoumikhine qui parle : « Pardon, j’appartiens moi aussi à la catégorie des imbéciles […]. Quant à ce bavardage, à toutes ces banalités, ces lieux communs, j’en ai les oreilles tellement rebattues depuis trois ans que je rougis, non seulement d’en parler, mais d’en entendre parler devant moi. Vous vous êtes naturellement empressé de faire parade devant nous de vos théories et je ne veux pas vous en blâmer ; moi je ne désirerais que savoir qui vous êtes, car, ces derniers temps, tant de faiseurs louches se sont accrochés aux affaires publiques et ils ont si bien sali tout ce à quoi ils ont touché qu’il en est résulté un véritable gâchis. Et puis en voilà assez ! » Mais il faut lire tout le passage.

Razoumikhine, frère de l’Idiot, double de Dostoïevski, parle encore page 251 : « Non, mais le croirez-vous, ils réclament l’impersonnalité. Il ne faut surtout jamais être soi-même ; c’est ce qu’ils appellent le comble du progrès. Et si les absurdités qu’ils disent étaient au moins originales… »

Plus loin : « Non ! J’aime cela, qu’on se trompe !… C’est la seule supériorité de l’homme sur les autres organismes. C’est ainsi qu’on arrive à la vérité ! Je suis un homme, et c’est parce que je me trompe que je suis un homme. On n’est jamais arrivé à aucune vérité sans s’être trompé au moins quatorze fois ou peut-être même cent quatorze et c’est peut-être un honneur en son genre. Mais nous ne savons même pas nous tromper de façon personnelle… »



dimanche 6 avril 2014

Vendredi 6 avril 2003



Une héroïne de roman : Mapsie.
Vocabulaire: pimpesouée, exemple: «va donc, eh! pimpesouée!» ou encore: «Pimprenelle n’était qu’une pimpesouée». J’aurais préféré, mais ça peut être un nom propre : Pimpesonée.
Histoire du culte de la déesse.

(Samedi 28 juin2003
Mais je ne me souviens plus du tout de ce que je voulais écrire; il faut prendre des notes plus précises. Histoire perdue…)


samedi 5 avril 2014

Mercredi 5 avril 2006



J’ai mis en place mon sous-sol. Dégagement du lavabo, encombré de pots de peinture et de seaux vides ; j’ai descendu ma brosse à dents, un tube de dentifrice, un savon, un gant et une serviette, tout mon nécessaire pour me raser. J’ai déplacé la lampe halogène, branché le poste qui fait radio – mais l’on capte mal – et qui lit des disques ; j’ai essayé le vélo dit d’appartement de Charles, qu’importe si je lui ajoute quelques kilomètres, il n’en fera peut-être plus jamais ; j’ai placé dans la bibliothèque mes livres devant les siens qui étaient pour la plupart si peu intéressants ; certains prisonniers j’imagine sont bien moins lotis que moi.


Que le monde est compliqué


1. D’abord une petite information sur le site du Monde.

2. Les Banu Hilal, qu’est-ce? Incursion vers wikipedia qui me donne des informations qui datent d’avant 1200. 

 3. Je continue.

Je me dis que:

a) Ce n'est peut-être pas très objectif.

b) Dommage que la Kabylie n'intéresse pas les journalistes. Comment savoir ce qui s'y passe vraiment?


vendredi 4 avril 2014

Dimanche 4 avril 2010, Pâques



— Maman, je vais à la messe.
— Oui, c’est ça, vas-y, en ce moment, avec tout ce qui leur arrive ils ont besoin de toi.

— Tu vas me ramener trois sachets de petits chocolats.
— Pour qui ?
— Pour les enfants.
— Tu sais bien maman qu’il ne va venir personne aujourd’hui.
— Eh bien tu me les achètes quand même, ça sera pour personne.


jeudi 3 avril 2014

Mardi 3 avril 2001



Dans Larousse les polygames sont forcément des hommes, à la différence de ce que dit Robert, en revanche Larousse croit qu’il y a des violeurs et des violeuses, mais pas Robert qui n’y voit qu’une faculté masculine. Quant aux viveuses Robert les ignore, Larousse les accepte avec réticence.


mercredi 2 avril 2014

Lundi 2 avril 2001



Phrase : on peut toujours barrir dans la barrique en attendant que la barrière se referme qui laissera s’envoler la bartavelle.

mardi 1 avril 2014

Voyage vers l’amour





A journey to the 21th from Olivia De Aivilo on Vimeo.

Lundi 1er avril 2008



J’ai perdu le fil, je ne sais plus où j’en suis de ce maudit journal.
Charles après son retour de l’hôpital a été mieux, quelques jours. Il mangeait bien; il ouvrait les yeux. Puis cela s’est détérioré depuis deux semaines. Il est de plus en plus souvent la tête penchée, vers la gauche. Prostré. Je ne sais plus quelle nuit de la semaine Yvette l’a retrouvé baignant dans ses excréments jusqu’à la nuque. Yvette est restée toute la matinée pour nettoyer, aller à la pharmacie acheter des poudres pour atténuer la diarrhée; je ne suis rentrée, d’où ? que vers midi. Un autre soir, ou était-ce un matin, elle s’est fâchée après maman qui me dit: «C’est nous qui la payons, non mais!» Yvette est une Beauceronne fruste certes, elle n’est guère avenante, mais elle fait bien son travail. Mon frère qui ne voit la situation que quelques heures par quinzaine m’a appelé hier catastrophé. Il y a des jours un peu meilleur. Mais il n’empêche que d’ici peu, lorsque sa présence portera plus tort à maman qu’elle ne lui apportera d’avantages, dont celui de sa «présence», bien qu’il faille employer ce mot entre guillemets, nous devrons prendre des mesures. C’est-à-dire la maison de retraite médicalisée; en attendant demain revient le docteur (Le docteur D, qui s’en fiche, «il attend la mort», dit-il… et lui aussi semble-t-il pour être débarrasser d’un client inintéressant. Mais je suis injuste, il est arrivé au docteur D de le plaindre: «pauvre Charles, finir comme ça!»). Nous allons commander un lit médicalisé et une sorte d’appareil, genre instrument barbare, «de torture», me dit le médecin, dont j’ai oublié le nom, qui servira pour le soulever, Yvette n’y arrivant plus lorsqu’il est réduit à un poids mort. Il lui arrive aussi de tomber, et j’ai répété mille fois qu'il fallait qu'en mon absence maman ne s’avise pas d’essayer de le soulever toute seule. Toutes ces histoires laissent maman de glace. On n’abat pas un vieux chien malade, on s’en occupe, voilà ce qu’elle pense. Et s’il va en maison de retraire il n’aura que peu de visites. On peut toujours dire que c’est bien fait pour lui, qu’il n’a que ce qu’il mérite, que compte tenu de la considération qu’il a eu pour les êtres humains au cours de sa vie, il est logique, sinon juste qu’il meure seul. Peu le pleureront. Personne. Sauf moi, mais c’est parce que je suis un pleurnichard. Mon frère aussi à la larme facile, et le cœur sur la main. Charles devrait savoir que mon frère et moi, plus que maman, sommes désormais les deux seuls êtres humains pour qui il importe encore un peu.

Mercredi soir je fus au théâtre, une pièce dont j’ai oublié le nom, tiré du journal d’un homme de théâtre mort du Sida en 1995, dont on fait aujourd’hui grand cas : Lagarce. Il ne m’impressionne pas, sauf un passage où il est question de RC, un autre où il cite CM. De la bien-pensance contemporaine plus beaucoup de lieux communs, sans éclairs de génie.

Lecture des lettres échangées entre Tsvetaïeva et Rilke: là on est immergé d’un bout à l’autre dans le génie. Lecture de Passage de la ligne. comme d’habitude l’exposition est excellente, puis cela se gâte. Les intrigues sont faibles; elles ne commencent que page 150. Il s’agit d’une vie racontée à la première personne. Très différent de Malempin, bien que dans les deux romans ce soit Georges Simenon qui transparaît en maint passage. L’idée du «passage de la ligne» est très bien, dans sa présentation, les explications qu’il en donne, mais quand il nous raconte ensuite les faits, les «passages », c’est décevant: ah bon! ce n’est que ça ! Mais il faut lire autour de la page 53. Primo: c’est tout moi. Je brûle de le recopier. Deuxio: du remarquable réalisme social simenonien. Il n’emploie que deux ou trois fois dans le roman le mot «classe», il préfère utiliser les mots catégories et surtout «case», mais la vision lucide de la société est là dans son implacabilité, plus précise, et plus nuancée, peut-être qu’une description sociologique marxiste.

Samedi midi, déjeuner à l’endroit habituel avec Jean. Déjeuner avec lui, se rend-il compte que c’est un des mes rares moment de bonheur pur.

Nota: chercher le prix de l’immobilier à Florence.

Non seulement être nulle part, mais n’avoir plus de nom, n’avoir plus d’âge, non pas être sans âge, n’avoir plus d’âge, n’avoir aucun chiffre à donner, à dire, à retenir. Rappel du 19/02/72: «Je ne m’appelle pas.»

Maman et moi sommes des enfants perdus. On se débat comme on peut avec toutes nos faiblesses pour survivre face au monde qui est désormais trop fort pour nous. Voir au 24 février, et de nouveau dans Passage de la ligne comme quoi c’est récurrent dans son œuvre: «Qu’est-ce que je fais ici?»

Je suis chrétien pas madame Chenin, par François Mauriac et par Graham Greene, par Henry Miller, par Paul Claudel, par Bernanos, Hello, Bloy, Barbey, par Nietzsche, par frère Philippe de Saint-Benoît, par le Cayla, par la cathédrale de Royan et par celle de Chartres, par Saint-Savin et Chauvigny, par Élisabeth M et son père et sa mère, par Élisabeth Puichaud et par sa mère, par la lettre de sa mère, je suis chrétien par Jean. Non. Je suis chrétien par madame Chenin, François Mauriac, EP et Jean. Oui c’est cela. 

Tout le reste, va ! ce que le vent emportera… le temps plutôt…

François Mauriac: «Avec ma chance habituelle je vais mourir quand ce monde deviendra inhabitable.» Et il n’a rien vu de ces quarante dernières années! Mais l’homme s’adapte à toutes les situations. Moi je n’en puis plus de ce monde, mes enfants n’ont pas l’air si émus que cela, il leur convient même assez ce monde invivable. Les humains muteront.

Nous allons être saturés de commentaires ces prochaines semaines car nous célébrons le quarantième anniversaire, on ressort les mêmes potiches, réédition de vieux mémoires, et corrections des mémoires qui furent publiés pour le dixième, le vingtième, le trentième anniversaire, nouveaux mémoires aussi, et chose nouvelle, commentaires des enfants (Glucksmann, Linhart), il ne manquait plus que cela – mais c’était à prévoir.

Ce qui meut les révolutionnaires ce n’est pas l’amour des pauvres mais la haine des riches. Les pauvres, comme autrefois «le peuple» (ou «le Peuple»), comme abstraction. Quant aux riches, on le sait, ils sont mus par l’amour de leurs grands biens. Et les pauvres alors? qui s’en occupera ? Justement, et tout le malheur des pauvres vient de là, et la démocratie représentative en est la grande cause, on parle pour eux, les bonnes âmes de gauche, les pauvres ne parlent pas, ils n’ont pas droit à la parole. J’entends comme un chuchotement: mais les pauvres ne savent pas parler, mais les pauvres sont bêtes, et quand on les lâchent méchants (voir les pillages des propriétés dans les souvenirs de Sayn-Wittgenstein, Nabokov, etc.). (Ce que je viens d’écrire n’est pas ce que je pense mais quelque hypothèse qui se pense.) Vaclav Havel disait le pouvoir des sans-pouvoirs, moi je suis pour le moins de pouvoir possible sur n’importe quel être humain, pour tout être humain, sauf sur lui-même, pouvoir qu’on nomme liberté individuelle. Moi je suis pour que la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres, donc pour que la liberté économique des uns s’arrête là où commence la liberté économique des autres. Ah! Et les modalités pratiques! Ah!

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La plupart des humains désormais sur cette terre ne savent littéralement plus où ils en sont, où ils sont, ni comment vivre. La mère de F pleurait en lui apprenant la nouvelle au téléphone, comme une gamine, qu’elle est: «je ne l’ai pas fait exprès, je n’ai pas voulu cela».

Jean-Sébastien Bach, Marina Tsvetaïeva, Rainer Maria Rilke, sublime constant. On ne peut être toujours dans ce sublime-là, on n’y est jamais, quand on les écoute on se contente d’essayer de suivre, on capte une seconde, puis on lâche prise, on se retrouve tout petit, tout seul avec la médiocrité de nos petits moi, et ces êtres-là nous désespèrent. L’exquis est déjà difficile pour nous autres pauvres petits hommes, pauvres misérables êtres communs, pauvres hommes ordinaires. L’être humain, nous, moi, EP, cependant, c’est à cela que nous sommes appelés.