samedi 31 mai 2014

Jeudi 31 mai 2012



[Notes brutes, que je recopie du carnet noir, dont je ne comprends plus le sens. Entre crochets, mes remarques. (Je n'ai jamais su prendre des notes)]

Faculté des lettres.
J. Elle a vieilli, oui, comme moi. Elle est plus âgée que moi.
Années 80. Balzac, Claude Simon, Nathalie Sarraute. Remercier l’ambassade. Rendre incertain le jugement de valeur.

[Elle a gardé sa voix tremblée.]

[Ça c’est un problème: le regard sur le contemporain.]

Consensus sur les années 80: décaler le consensus.
Le consensus: rupture des avant-gardes, rupture avec la rupture. Prise de distance.
Retour de l’auteur (ou du sujet). Retour du récit et de la narration. Retour en spirale.
Mutation sans reniement. Les Géorgiques.

[Je n’en vois pas la nécessité.]

Codes, parodies.
Retour du référent historique, réalités sociales (Bon, Kaplan)
Réf. Certeau, L’Invention du quotidien.
Tous ont reçu le soupçon en héritage.
Perec prend de plus en plus d’importance grâce à sa disparition. Les éditeurs et la création d’auteurs. Trois phénomènes: concentration éditoriale, crise de la lecture, politique volontariste de l’État. (Gallimard, Minuit, «Fiction», POL, Verdier, etc.).
Complément au consensus [J est dans le consensus.], autres lignes de force possibles: l’ironie, l’humour; l’hybridité sémiotique (texte plus image); le brouillage des genres, le détournement des genres mineurs; la frontière prose-poésie.

[Narration linéaire: et si on y jouait? V travaille, corrige, reprend, modifie, ajoute, retranche pendant tout le discours de J.]

Marcel Cohen. Textes brefs. Fragments.
Conclusion de J: «Mes remarques planantes… euh… survolantes…»
Distance: impossible d’adhérer. 

[Pourquoi? L’adhésion vous pose un problème?]

Non pas une crise de représentation mais une crise d’appréhension, la crise est plutôt du côté de la réception.
Un très bon professeur en enseignant Balzac fait lire les contemporains à ses étudiants.

[Perversion d’un genre mineur = innovation mineure.]

vendredi 30 mai 2014

Mardi 30 mai 2000



Samedi je n’ai pu payer mes perriers parce que je n’avais pas assez de monnaie. Il a fallu compléter pour faire une carte bleue.

Donc hier après-midi je suis allé voir l’exposition du Grand Palais : 1900. En fait, ça ne m’intéresse pas du tout. Rien à voir.

I rappelle, nous devions nous voir cette après-midi, ce matin elle rappelle pour annuler. Elle préfère rester confite chez elle. Si encore c’était en dévotion.

Ce matin, pour compenser Graham Greene (mais il n’y a rien à compenser), je regarde Ma 6-T va crack-er. 

Et j’essaie péniblement de finir le travail. Lourdeur et fatigue, et je dois absolument reprendre avancer et finir les citations. M’y mettre sans états d’âme, sans rêvasser à autre chose, ni aux malheurs du monde.

Jean-François, t’as dit merci à M. Toscan du Plantier? c’est bien, tu es un bon garçon.

jeudi 29 mai 2014

Lundi 29 mai 2000



Chaque matin je suis fasciné par cette date, par ces quatre chiffres que j’écris: 2000. 
Je ne m’y ferai jamais. Je n’y crois pas. 


mercredi 28 mai 2014

Dimanche 28 mai 2000, fête des mères



Finalement hier soir je suis allé seul à Pleyel. J’y ai retrouvé Ève qui était aussi seule. Nous avons éprouvé le même plaisir pour les mêmes raisons. Cela faisait vingt ans environ que je n’avais pas mis les pieds à Pleyel. 
Tellement l’habitude de la musique morte (les disques) que je suis surpris: c’est ça, c’est aussi beau que ça, la musique vivante! je ne me souvenais plus comment c’était. Plaisir aussi du mélomane guère averti, réentendre les vieilles choses, les lieux communs rabâchés. Mais la neuvième symphonie est un beau lieu commun, le plus commun et le plus beau des lieux communs. 
(De mon temps, quand nous allions voir un concert pendant les vacances un public inhabituel applaudissait parfois entre les mouvements: on se moquait de ces ploucs. Eh bien aujourd’hui, les ploucs ont envahi le monde, ils applaudissent entre les mouvements de la neuvième, qu’ils doivent quand même connaître un peu, même entre le troisième et le quatrième mouvement ou, normalement, il n’y a qu’un très court silence. Mais peut-être que je me trompe complètement, que c’est, au contraire, une nouvelle mode, particulièrement prisée des snobs habitués des concerts — comme les applaudissements qui me sont insupportables à l’opéra à la fin des morceaux de bravoure des divas.)

Quand j’y repense, ce mari, ce pilote! Et quand on a un pilote c’est bien pour être piloté. S’il va en Afrique et fricote là-bas, la moindre des choses se serait de prévenir son épouse qu’elle doit désormais faire attention et mettre des préservatifs. Bénéfice du doute: c’est elle qui a eu peur inconsidérément, il n’aurait pas fait ça. N’empêche, le nombre d’époux de par le monde qui n’osant pas, ne voulant pas le dire à leur épouse, leur refilent des saloperies.

(Suite. Mon frère, à propos des gens qui applaudissent entre les mouvements: forcément, ceux qui vont écouter la neuvième symphonie ne sont pas des mélomanes.)

mardi 27 mai 2014

Mardi 27 mai 2008




Régine est morte. Régine Leroy, la cousine germaine préférée de mon père. Elle m’a dit, la dernière fois que je l’ai rencontrée, en 2003, qu’à l’école on les prenait pour frère et sœur. Elle me l’a dit de telle façon qu’on comprenait qu’elle aussi avait beaucoup aimé son cousin Régis. 
Elle était une des dernières à garder mémoire du Saint-Sym (prononcé sinsin) d’avant guerre, de ce village qu’elle n’avait jamais quitté. Ces souvenirs disparaissent, et bientôt à jamais enfouis pour tout le monde. 
On lisait la bonté dans son regard, son sourire, dans sa vieille peau ridée.




lundi 26 mai 2014

Vendredi 26 mai 2000



En 1969, l’année où l’homme a marché sur la lune, le long d’un chemin creux d’une lointaine campagne française, écrasant les mottes de terre avec nos bottes boueuses, en route pour couper le raisin, j’avais dit à Philippe que je pensais bien aller dans l’espace avant la fin de ma vie. J’y croyais fermement à l’époque. Il s’est moqué de moi. 
Je n’y suis pas allé, je n’irais pas. 
Mais j’ai embrassé Charlotte. Je préfère cela, tout compte fait.


dimanche 25 mai 2014

Vendredi 25 mai 2007



Rien de tel qu’un anticlérical (ou un antireligieux) pour reprocher aux chrétiens de ne pas être des saints (de commettre des péchés, auxquels eux sont censés ne pas croire).


samedi 24 mai 2014

Mercredi 24 mai 2006



Dimanche. Encore la famille, le passé, les cimetières. A 14, A 15, forêt de L’Isle-Adam, Persan. Première halte-souvenir: Boran et sa piscine, ruine abandonnée depuis peu. Saint-Leu-d’Esserent. Je n’aime pas cette église, sauf par le souvenir de la photo de Marcel Proust devant le porche. Puis la route de ma grand-mère: Mello, Cires-lès-Mello. (J’ai lu ce matin que Rousseau avait envisagé de se retirer sur proposition du duc de Luxembourg à Mello.) Château, le cavalier au portail de l’église. Plusieurs modestes églises gothiques de villages le long du Thérain, que j’ai bien connues autrefois, presque oubliées aujourd’hui.
Le long du Thérain usines anciennes en ruine, région de vieille tradition ouvrière, aujourd’hui mêlée: paysans ou anciens paysans déclassés, prolétariat, français, arabe, noir, chômeurs, classes pauvres de la région parisienne qui viennent jusqu’ici pour pouvoir se loger à prix encore raisonnable. Ils achètent de très médiocres pavillons avec un bout de terrain, illusion de la campagne. Non pas que ce ne soit pas la campagne mais une campagne étriquée. Tout est étriqué dans ce petit pays. Il fut un des centres de la brillante France gothique, et bien avant du pouvoir carolingien, il ne ressemble plus qu’à une friche. Traversée de la forêt de Hez par des pistes de terre entre les fondrières. 
Étouy, arrivée par la gare, totalement disparue, effacée, par les ronces, le temps qui passe, ou plus sûrement pas la nouvelle route à quatre voies qui joint Clermont à Beauvais. Le long de la rivière, annoncée à Ronquerolles comme la Brèche, dans mon souvenir ma grand-mère disait la Nonette. Je reconnais la maison. 
Le cimetière, les tombes dévastées par le temps et le vandalisme. Le cimetière est en pleine réfection. L’on l’a vandalisé, mais aussi nombre de tombes sont oubliées, plus un vivant n’en prend soin, les descendants ne savent plus, ils sont en ville, loin d’Étouy. Étouy oubliée, perdue vers le nord, sous un ciel bas, d’une tristesse si profonde. Et l’on ne peut même pas dire un désespoir pathètique, romantique, non! une pauvre petite tristesse sans nom, médiocre. Endroit adéquat pour un cimetière, le cimetière d’un monde oublié, abandonné, qui se meurt, un monde fini. Les vandales n’ont plus qu’à finir le travail, ce que je dis plus haut ? Bah ! les pillards de sépulture, on a toujours connu cela, depuis des millénaires. 
La tombe Lejeune, à l’angle gauche en rentrant. La tombe Ardouin que je photographie avec tous ces noms et ces dates, mais réflexion faite je ne sais plus si ce nom, Ardouin, est dans l’arbre généalogique. La tombe de mes grands-parents, la tombe de mes arrière-grands-parents. Et soudain je pleure. Léon Lejeune 1870-1950 ; Victorine Lejeune, née Noirez 1877-1955 ; Armand Leneveu, 1898-1986 ; Madeleine Leneveu, née Lejeune, 1901-1989. 
Je cherche vainement la tombe de Suzanne, maman m’a rappelé son nom hier: Seghers.

vendredi 23 mai 2014

Mercredi 23 mai 2012



Le beau temps revient.
Porto va être trop court.
Mon frère est passé cette après-midi, il m’inquiète: il a pris un parapluie pour que cela lui serve de canne sans que les passants ne devine que ce vieux-là pas si vieux a besoin d’une canne pour avancer. Il file un mauvais coton.


Ça sent le sapin


Comme lui à Bruges courbé en deux irai-je
Vers l’est en autobus moins loin que Voronej.

jeudi 22 mai 2014

Mardi 22 mai 2001


L’autre midi, Charlotte me parlait et soudain je ne l’écoutais plus, par-dessus ses lunettes, je fixais ses yeux et j’étais hypnotisé, parti ailleurs. Giono dans Les Âmes fortes parlent d’yeux si bleus qu’ils ont l’air vide, on a l’impression qu’ils sont transparents et ne font que refléter le ciel. Ceux de Monique ont une teinte verte, profonds comme une mer vivante avec des algues, des oursins, des poissons aux arêtes vives, Charlotte a des yeux bleus tendant vers le gris, ciel Île-de-France, tendres, nuancés, aquarelle.
 

mercredi 21 mai 2014

Samedi 21 mai 2010



Dialogue (humoristique et un peu “arrangé”):

«Il me semble que cela manque de discernement.
— Je vous aime.
— C’est bien ce que je disais.»


mardi 20 mai 2014

Samedi 20 mai 2000


Déjeuner avec Florence. Bon papotage. Elle dit à un moment: «Je prendrais bien un amant, mais qui voudrait d’une vieille peau de cinquante ans.» Je suis un peu ébahi. (Et puis, dois-je le prendre comme une proposition?)


lundi 19 mai 2014

Samedi 19 mai 2007



Julien Gracq disparu, quand seront morts Rohmer, Godard, RC, qui a presque mon âge, qui d'autres? comme nous serons malheureux de vivre sur cette planète vide, désolée, désertée, nous, des êtres comme B ou moi. Les autres ont des capacités d’adaptation. C’est fait du reste: ils ont muté!

Correctif: dans le train qui part pour Chartres un jeune homme dont je déteste la mine («l’habit»), vêtu comme un jeune, moderne, tondu et mal rasé (mais Patrick, ne t’est-il jamais arrivé d’être mal rasé, habillé comme l’as de pique, et les cheveux?…), lit Un amour de Swan.

Rectificatif au correctif: mais ne doit-il pas lire cela dans le cadre de ses études?

Il y eut un monde où il y avait de vrais miracles, pas une guérison de Parkinson ni les miracles de frère Galvao et de ses pilules. Il y eut un monde où vivaient des êtres qui avaient la taille de Robert Byron.

Correctif au rectificatif: Eh bien voilà, à peine avions-nous quitter la gare Montparnasse que le jeune homme s’est endormi sur son Proust.

Quand je vois un enfant seul avec son père je pense sur-le-champ: c’est un enfant de divorcés. Quand je vois ces enfants qui, à l’occasion de week-ends ou pendant les vacances scolaires, voyagent en train, seuls ou avec un seul de leurs deux parents je pense: ce sont des enfants de divorcés. (À peu que le cœur ne me fend.)

dimanche 18 mai 2014

Vendredi 18 mai 2001



Charlotte me dit, ouh la la, que me dit-elle, entre ce qu’elle me dit hier soir, ce que me dit Daniel, ce qu’il dit qu’elle lui a dit, ce que je lui dis, ce que je lui dis qu’elle m’a dit, ce que je ne lui dis pas, ce qu’elle vient de me dire cette après-midi, ce qu’elle vient de me dire que Daniel lui a dit, je n’ai pas le cerveau assez vaste ni assez clair, et tout s’emmêle dans ma petite tête.

samedi 17 mai 2014

Mardi 17 mai 2005



Début de la dégradation : portes restés ouvertes, vaisselles dans l’évier, ma petite radio a disparu, la grande est dans sa chambre, le réceptacle grand ouvert. Ou alors je m’angoisse pour rien?


vendredi 16 mai 2014

Mercredi 16 mai 2002



Dans Sienkiewicz deux belles anecdotes. 

«Il existait dans la région de Cracovie un usage ancien qui avait force de loi et suivant lequel, si une jeune fille jetait son voile sur un homme que l’on conduisait au supplice, elle lui sauvait la vie et lui rendait la liberté.» 

Et cette autre où il est question de ces fous de chevaliers amoureux qui placardaient des cartels à la porte des auberges, sur lesquels il était écrit que mademoiselle Unetelle était la plus belle du pays et que si quelqu’un contestait cette évidence, il était prêt à se battre en duel avec lui; et ces pauvres chevaliers étaient fort tristes quand personne ne répondait à leur défi et qu’ils ne pouvaient risquer leur vie de cette façon idiote.

mercredi 14 mai 2014

Mardi 14 mai 2002



Lu dans un journal. L’écrivain qui retranscrit une anecdote personnelle dont une personne proche fut la victime. Celle-ci, lorsqu’elle découvre cette anecdote dans le roman du type lui déclare: 
«Tu vois, ça n’arrive pas qu’à moi.» 



mardi 13 mai 2014

Samedi 13 mai 2006



17 avril 5 h. jesper ke mon message va pa vou réveilé. g maté la tv ue la nui. jme dor ke mtn donc si vou avez d projet pr votr débu daprem comté pa sur mwa. mai si en fin de journé vou voulé fair un ciné ou boir un ver vou mapelé. a+
17 avril, 17 h. jsai pa y fai bo si vou connaisse un pti café avec terass mai jsui pa encor douché dici 35 40min c ok
30 avril 10 h. jsui arivé hier ver 1h du mat ona mi 4h pour y alé et je rentr tou a leur
30 avril 14 h. jairv dan 45min. a tout
30 avril 16 h. répon mwa stp!
13 mai 16 h. tu peu mapel?



lundi 12 mai 2014

Vendredi 12 mai 2006



«J’oserai le dire; qui ne sent que l’amour ne sent pas ce qu’il y a de plus doux dans la vie. Je connais un autre sentiment, moins impérieux peut-être, mais plus délicieux mille fois, qui quelquefois est joint à l’amour et qui souvent en est séparé. Ce sentiment n’est pas non plus l’amitié seule; il est plus voluptueux, plus tendre: je n’imagine pas qu’il puisse agir pour quelqu’un du même sexe; du moins je fus ami si jamais homme le fut, et je ne l’éprouvai jamais près d’aucun de mes amis. Ceci n’est pas clair, mais il le deviendra dans la suite; les sentiments ne se décrivent bien que par leurs effets.»
Jean-Jacques Rousseau, Confessions, livre 3


dimanche 11 mai 2014

Vendredi 11 mai 2012



Compagnon. Bouhours. Chamisso. Jackso. Celan. Estrange. Seine. Edwards. Seine. L’estrangement. Ephressi. Rencontre entre Chateaubriand (Combourg) et Chamisso (Bocourt).
Poèmes de Chamisso.
Je écrit.
Mes parents ne m’ont appris qu’une langue sommaire, parcellaire. Notre langue familiale existe mais est bien pauvre.
Dormir sur le divan, parmi les voix, les échos des voix qui ont chuchoté, se sont confiées, ont proféré des horreurs très intimes.
Les nouveau-nés pleurent dans la langue de la mère.
(—> Frédéric II et ?)
Sa Carneiro, hôtel de Nice, 29 rue Victor-Massé Paris 9e 26 avril 1916.
Brunet Latin
Bourbaki : alexandrin : le filtre de Fréchet n’est pas un ultrafiltre
Alain Connes : êtes-vous pro- ou anti-connien ?


samedi 10 mai 2014

Mercredi 10 mai 2000



À lire tout ce carnet, c’est fou ce que je lisais, ce que j’ai dévoré entre 15 et 25 ans. Et puis, j’ose le dire puisque je ne suis plus le même, par certains côtés ce Patrick-là était génial.
Dommage que j’ai été si introverti, et que je n’ai pas poursuivi ainsi. Besoin de gagner sa vie? Peur devant des audaces que j’aurais dû avoir?
Alors, pour résumer: j’ai raté ma vie?
Maintenant que, à l’âge que j’ai, et que je n’ose écrire, depuis deux ans j’essaie de sortir de ma gangue. Est-ce triste?



vendredi 9 mai 2014

Mercredi 9 mai 2007


Fuentarrabia, vieux centre, église, tour, rues étroites mal pavées, charmant. Fuentarrabia, côte et estuaire, rebâti, rénové, propre et “clean” mais agréable. Les immeubles et résidences nouvelles laides sont bien cachées, si bien qu’elle ne déparent pas la ville ni toute la côte, seules les vues d’Hendaye. Café au soleil (pas un nuage de la journée). Cap du figuier. Sous les frondaisons. Point de vue de l’oiseau: les deux plages qui encadrent l’estuaire, au loin la Rhune, Irun proche. Irun sans caractère. Rentrer par un pont, ressortir par l’autre, à la recherche de la fameuse île des faisans, oubliés au milieu de la trépidation des acheteurs de produits sous-taxés. Parcours d’Hendaye, souvenirs, madeleine, les choses connues reconnues oubliées redécouvertes, l’ancien casino, le rond-point, les Deux Jumeaux (nous disions les deux), l’hôtel disparu, la fille des voisins de table, les circuits en vélo, que tout cela est loin.


jeudi 8 mai 2014

Dimanche 8 mai 2005



Je suis le docteur Itard.
Jeudi Ikea. Vendredi travail. Samedi, Ikea. Faustin range ses valises, moi je monte les meubles. Ce matin aéroport, puis Ikea. Cette après-midi montage. Faustin me donne un bon coup de main. Les livres sont pour une part dans des caisses, pour l’autre dans les étagères qui ont migré dans la grande chambre. Dans la petite chambre: lit, rideaux, fleurs, deux lampes, table, le tout neuf. 
Demain je monte l’armoire et elle arrive.


mercredi 7 mai 2014

Dimanche 7 mai 1972


Lever neuf heures et demie, petit déjeuner croissants Grand-Rue. Messe à Notre-Dame la Grande. Déjeuner au ru à droite sur la route de Chauvigny. Café au Grand Recoin, promenade dans la forêt de Moulière. Retour au 185 Grand-Rue.


mardi 6 mai 2014

Samedi 6 mai 2000



«Le secret des choses, c’est qu’il n’y a pas de secret. Le message de fond n’est qu’un bruit, et nul ne me fait signe, et il n’y a pas de signal.» Belle profession d’athéisme. Mais qui ne fait que confirmer Chesterton: Michel Serres, qui a commencé par écrire cela, finit de nos jours, pendant ses vieux jours d’académicien décoré et gâteux, par croire en n’importe quoi.

Un jour madame Durand vit qu’il venait de paraître deux tomes sur la vie de Simone Weil. «Oh la la, tout ça sur cette bonne femme!» (À cette époque Simone Veil était honni de la droite comme juive et pour avoir fait voter la loi sur l’avortement.)

Cinéma. Statistique. Un couple, une jeune et belle, neuf vieilles peaux ex-soixante-huitardes, je suis le treizième de la file. Un type coupe la file en colère: «C’est un trottoir ici!». Derrière moi un couple; ils arrivent séparés, la main dans le cou, sur le bras, ce qui signifie une certaine intimité. Ils se vouvoient.


lundi 5 mai 2014

Vendredi 5 mai 1972




Départ de Paris à une heure et demie de l’après-midi. 
Paris, Orléans, Meung, Blois, Montrichard, Loches, Ligueil, Descartes, Dangé, Chatellerault, Poitiers.
Dîner à neuf heures et demie Grand-Rue, auto jusqu’à l’aéroport qui est fermé (du moins son café), donc café de la gare. Coucher vers deux heures.


dimanche 4 mai 2014

Lundi 4 mai 2009



Rêve atroce:

Ma mère: 
«Je suis allé l’acheter ce matin, je t’assure, j’ai fait un chèque.
— Maman, tu mens, tu racontes n’importe quoi, tu ne sors plus, tu ne te rappelles plus.»
À ce moment mon père sort de l’ombre d’un couloir qui ressemble à un couloir de la maison où il est mort.
«Je vais lui dire, je vais le dire à papa que tu es devenue comme ça.
— Non Patrick, s’il te plaît, ne lui dis pas.»

[Mai 2014: j’ai hésité à mettre ce rêve en ligne, peut-être ne devrais-je pas?]

samedi 3 mai 2014

Mardi 3 mai 2005



Rebondisssement : hier soir à minuit ma fille Maud m’appelle. Elle vient habiter ici à partir de lundi. 

vendredi 2 mai 2014

Dimanche 2 mai 2004


Ils sont partis. 
Je suis allé marcher en bord de Seine. Au retour, soudain, je me souviens de ces après-midi lorsque mes aînées étaient petites, que nous rendions visite à mes parents qui habitaient dans cet appartement, que nous allions nous promener ainsi puis rentrions ainsi dans ce lieu, tous ensemble pour le goûter des enfants, avant que mon père ne nous mette une cassette d’un de ces vieux classiques du cinéma français qu’il aimait tant.

jeudi 1 mai 2014

Jeudi 1er mai 2014



Ce matin grand ciel tourmenté sombre le long de l’autoroute, tous les dieux, demi-dieux, héros s’étaient donné rendez-vous dans le ciel pour de grands combats, tous les nuages avaient des gueules de féroces combattants de gigantomachie (vocabulaire). De temps en temps un saint barbu balançait un seau d’eau glacé sur le pare-brise. Puis le ciel s’est éclairci, des nuages moutonnaient, bouillonnaient, tourbillonnaient sur un fond bleuté, et tout le paysage a été noyé dans une vapeur lumineuse (flou artistique). La cathédrale, dont on discernait de loin tous les détails architecturaux, toujours en lévitation, avec son portail sud trop neuf trop blanc, était nimbée d’une aura surnaturelle qui la transfigurait. Sur la droite par une trouée dans les lointains gris clair, une haute masse noire déchiquetée pleine de pics et d’abîmes, de blocs chaotiques menaçait ce petit monde, mais il n’y a pas de montagne dans le Thymerais. Fin du passage poétique.